Récit de la bataille des Tertres d'Amarante

Hiryû arriva dans la bibliothèque de son clan. Elle s'assit un instant dans un fauteuil confortable et reprit ses esprits. En effet, le récit de la bataille qui avait mené à la mort de son clan l'avait bouleversée. Elle reprit le volume commencé par l'ancien Bras Droit et le relut.
Laissant une page blanche, elle marqua un nouveau titre et inscrivit le récit de la bataille.



Comme aucun Fille de la Lune n'est revenue vivante de cette bataille, le récit suivant est celui d'un vampire y ayant participé. Malgré cela, il s'agit d'une source sûre. Hiryû Firing, chef du clan des Filles de la Lune renaissant.

C’était un soir de pleine lune, au Tertre d’Amarante. Les deux armées se faisait face. Nous étions surexcités, difficiles à tenir, alors que les Filles de la Lune, elles, étaient abattues et résignaient. Nous savions tous que ce serait la dernière bataille… et qu’elle s’achèverait avec la mort de la dernière des guerrières. Je me souviens que je me tenait devant, asse loin d’Aayon pour qu’on ne m’attribue aucune place d’honneur. Mais j’entendais les vampires autour de moi rire, parier sur la durée de la bataille, calculer la probabilité d’une rédition…Certains passaient en revue les moyens les plus atroces de tuer leurs adversaires, ou imaginais votre chef en train de supplier Aayon de l’épargnée…
J’eu déjà des doutes à ce moment. J’avais pitié de ces Filles qui faisaient faces à une mort certaine. J’admirais leur courage. Je n’eus pas le temps de m’égarer plus dans mes pensées traîtresses que les deux armées se mirent en mouvement, en hurlant. Une vague noir-rouge vint contrer une lame argentée. Ce fut le début du massacre.
Je dois admettre que Aayon avait très bien préparé son coup. Cela me répugne de l’admettre, mais c’est un bon chef pour les vampires et un bon stratège. Pendant que nos premières lignes combattaient au corps à corps, un autre groupe envoyait des salves de lames rouges-noires forçant une partie des Filles de la Lune à contre-attaquer. Cela avait pour but de les épuiser et de les distraire… D’ailleurs ça à très bien fonctionner. Trop bien même. Un autre groupe de vampires, transformés en rats et en chauves-souris se rassemblait de l’autre côté du Tertre et bientôt les Filles de la Lune furent encerclées. Elles ne le savaient pas… encore et continuaient à lutter vaillamment. Beaucoup tombèrent. Au début, j’avais hésité à me jeter dans la mêlée. Je faisais partie du groupe de combattants au corps à corps car c’est là qu’il y avait le plus d’honneurs à récolter. Mais je ne savais plus si cette guerre avait un sens, si elle n’en avait jamais eut, si je ne trouvait pas dans le mauvais camps… Ce n’est que lorsqu’on me lança des insultes abaissantes que mon but me revint en tête : je voulais qu’on m’accepte. Et pour cela je devais tuer.
Je le fis. Je me lançai dans la mêlée tout en envoyant une lame noire qui balaya trois Filles de la Lune d’un coup. Je combattit comme un beau diable déchaîné. J’avais même réussi à attirer l’attention d’Aayon qui me toisait avec intérêt. Je savais que j’allais enfin obtenir un peu de considération. C’est là qu’un cri retentit parmi les Filles de la Lune. « Retraite ! » avait hurlée une jeune femme. Ce n’était pas leur chef, mais elle était proche d’elle. J’en ai déduis qu’il devait s’agir de leur bras droit. Le cri fut immédiatement suivit d’un rire froid et démoniaque. Je suis resté un moment sans savoir d’où il provenait, cherchant un abîme dans le sol d’où un démon serait sortit. Je réalisa enfin qu’il s’agissait d’Aayon qui riait de son stratagème. Les Filles de la Lune qui avaient été les premières à faire demi-tour furent massacrée par la vague de vampires sortant de l’ombre. Elles eurent un moment de panique, mais se rassemblèrent bientôt en position de défense, en cercle. La bataille s’arrêta quelques instants. Les deux camps se toisèrent. Je réussis à me frayer un chemin vers la jeune bras droit. Elle allait être mon adversaire. Sa mort me placerait au rang de « héros de la bataille ». Je lui lançai un regard féroce qu’elle me rendit. Je crois que j’ai frissonné : j’ai dut avoir l’air d’un chaton né prématurément qui veut se donner des airs de tigres comparé à elle. Le combat s’annonçait rude. Un bref regard autour de moi me permit de comprendre que les guerrières n’allaient pas abandonner. Je vis Aayon sortir son arme. Une faux à trois lames. Il se mit en position de combat, salua la chef et lui dit avec un sourire ironique : « Sachez que c’est un honneur pour moi madame, de vous affronter… et de vous ravir votre vie, votre clan et vos espoirs ! »
Sur ce, il se rua sur elle. Elle para habilement. Il faut dire qu’elle étonna tout le monde, même son propre Bras Droit : la femme détruite et affaiblie qu’elle était possédait encore suffisamment de force pour parer une attaque directe du Conte. Elle porta un coup, mais Aayon esquiva et riposta. Je ne put suivre le reste du combat : le Bras Droit des Filles de la Lune se rua sur moi et failli me trancher la bras. Je parvint à esquiver mais de justesse. Déjà elle tentait une nouvelle attaque. Je sortit ma faux argentée et parai le coup. Je n’avais encore jamais rencontré d’adversaire aussi féroce. Elle se battait avec l’énergie du désespoir. On enchaînait parades, esquives, sorts, techniques de combats. Jamais nous ne parvenions à toucher l’autre. Alors que je parais une nouvelle attaque, son visage se retrouva près du mien, et nous nous regardâmes dans les yeux. Elle eut une réaction étrange : elle sourit, rit un instant et m’adressa la parole : « Ravie de te rencontrer. J’espère que tu m’offrira un beau combat ! Un combat digne d’un Bras Droit des Filles de la Lune ! » Je lui sourit en retour, lui assurant qu’elle pouvait compter sur moi. Elle fit un bond en arrière et le combat reprit. Elle changea de comportement : elle riait et semblait de bonne humeur. On aurait dit qu’elle connaissait l’issue du combat. Je la regardai combattre et j’apprenais en même temps : son style me plaisait beaucoup. On aurait dit une danse souple et légère. Alors que je tentais une attaque directe, elle para, au lieu d’esquiver alors qu’elle avait largement le temps de le faire. Me souriant d’un air sombre, elle murmura « Getsuga Tenshou ». Une demi-seconde plus tard, j’étais à terre, à 20 mètres d’elle. Je peinait à me relever et je cherchai à tâtons ma faux. Je voyais flou car le choc m’avait étourdit. Soudain, ma main toucha quelque chose de froid et de dur… Je réalisa qu’il s’agissait des débris de ma faux, mon arme et ma compagne jusque là. Pendant un instant, je restai au sol, abattu. « Ben alors ? On s’avoue déjà vaincu ? Je suis déçue… Moi qui pensait que tu m’offrirai un plus beau combat… Tu n’est pas digne de m’affronter.»
Je commence à me demander si elle ne l’a pas dit exprès pour me forcer à reprendre le combat… Je me redressait, titubai un instant et sortit une petite dague : mon arme de secours. « Tu te trompe : je ne suis pas encore vaincu. Me feras-tu l’honneur de m’affronter ou suis-je toujours aussi indigne de toi ? » Elle m’avait provoquée, je lui rendit la pareille. Elle me sourit. Sourire que je lui rendit. Dommage que le combat n’ai qu’une seule issue : la mort de l’un de nous deux.
Le combat reprit de plus belle. J’avais l’impression que le combat s’éternisait. En fait, ni elle ni moi ne cherchions à nous tuer. On s’épargnait. Les attaques n’étaient pas mortelles, ou alors elles étaient simples à esquiver. Je crois qu’elle se dit la même chose alors que je tentais de lui asséner un bête coup de poignard. Sauf qu’elle ne para pas, n’esquiva pas.
Je me retrouvai sous le choc avec son corps dans mes bras. Elle saignait abondamment et je ne pouvais rien faire pour arrêter cela. Son regard ne me quitta pas. Elle avait une expression paisible, presque heureuse. Avant de rendre son dernier souffle, elle murmura un faible merci.
Je revois encore son visage. Sa mort me hante. Je m’en veux…
C’est à peu près à ce moment là que la chef des Filles de la Lune s’écroula, frappée de plein fouet par un Czarny Kiel monstrueux. La bataille cessa sur le champs, et tous regardèrent le vainqueur. Je crois que c’est ce qui acheva de me faire changer de camps… Il eut un rire mauvais. « Enfin ! Tu as été plus coriace que ce que je croyais ! Massacrez les ! » Ces fous de vampires poussèrent des hurlements de joies et tout fut fini en un instant.