Le soleil a rendez-vous avec la lune [Byakko]

En provenance dortoirs des filles

Post n°27


Trisha s’était réveillée d’un coup, passant du sommeil à l’éveil sans violence, mais de façon presque instantanée. Le soleil allait se lever. Pour elle, c’était un signal bien plus puissant que tous les réveils du monde, surtout quand elle était en état de stress comme elle. D’habitude, elle arrivait à contrôler cette impulsion, mais cette fois, c’était comme un appel insistant.

Grommelant entre ses dents, la jeune fille se leva. Un coup d’œil à son téléphone, qui faisait office de réveil et un second par la fenêtre lui apprirent qu’elle avait encore du temps avant l’aube. Bien sûr, déjà l’horizon se teintait de violet et de carmin, mais le lever réel ne se produirait pas avant un petit moment. Bien, comme ça, elle avait le temps de se préparer.

Ne voulant pas se lancer dans le grand déballage de valises, Trisha piocha le strict nécessaire : trousse de toilettes, serviette de bains et affaire de rechange, puis alla s’enfermer dans sa minuscule salle d’eau. Minuscule, mais privative, ce qui balançait le fait de devoir utiliser une pièce plus petite que son placard à balais aux USA. Enfin, elle ferait avec.

Une fois sous l’eau chaude, Trisha fit le point sur la situation. Sa mère n’avait pas appelé, donc elle n’aurait pas répondu au email. Pourquoi ? Etait-ce un test ? Ou est-ce que quelque chose s’était produit chez elle, empêchant sa mère de lui donner les réponses à ses nombreuses questions ? Quoi qu’il en soit, Trisha était seule maintenant, face à Yuki, et ces autres méchants… Si méchant il y avait.

La jeune américaine se sentait légère. Suite à son sommeil réparateur, elle avait regagné les PM perdu hier, mais elle avait faim. Après tout, elle n’avait pas mangé dans l’avion et avait sauté le repas du soir tant le décalage horaire l’avait sonné…

Le temps de se préparer et d’enfiler sa paire jeans bleu foncé, un petit débardeur gris, un sweart-shirt à capuche gris et blanc et des baskets bleues, le soleil pointait son nez. Trisha refit son sac à dos en un tour de main : dictionnaire, lecteur MP3, mouchoirs et autre nécessaires féminins, son bâton magique, un livre, son portable…

Et zou ! dehors. La jeune fille trotinna autour de son dortoir, essayant de se repérer, tout en mâchant une barre de céréales un peu écrasée lors du voyage. Cela lui calera l’estomac en attendant que la cantine ouvre. D’ailleurs, elle venait de repérer le réfectoire. Si tôt le matin, il n’y avait vraiment personne. Alors, Trisha en profita. Elle ôta ses chaussures et les posa dans un coin, sous un arbre, avec son sac. Pieds nus dans l’herbe mouillée de rosée, elle marcha tout en regardant le soleil se lever.

Trisha avait une double affinité : terre d’abord et puis feu. Ainsi, le lever de soleil était un moment particulier pour elle, une sorte de résonnance avec sa propre magie. Etre là ne lui apportait rien, sauf peut-être la paix de l’âme, et ça, elle en avait besoin… Quand le soleil dépassa l’horizon, Trisha revint s’asseoir sous l’arbre, sans pour autant remettre ses chaussures. Le dos callé par le tronc, le visage caressé par les rayons timides de l’astre solaires, elle ferma les yeux et médita. Elle attendait certes l’ouverture de la cantine, mais quelque chose lui disait que ICI était l’endroit où elle devait être…

Remise à 100% de la barre PM faite

Post n°31


Elle semblait flotter dans son petit monde de béatitude. Seule, avec pour unique compagnie la chaleur montante du soleil et les bruits de la nature. Trisha inspira profondément et savoura ces odeurs différentes de celle de sa Californie natale. Un parfum de pin flottait, tout juste couvert par les fragrances de fleurs en plein épanouissement. La pomme et l’amandier surtout…

Le vent se leva un peu et vint emmêler les cheveux mi-courts de la jeune américaine qui ne fit pas un geste pour les retenir. Elle devait avoir un drôle d’air, avec les mèches qui partaient dans tous les sens, mais elle s’en moquait. Personne ne la verrait ainsi, pas une âme vivan---.
– « Miaaaaaou !»

Autant pour l’âme vivante. Trisha ouvrit les yeux et regarda le chat blanc qui venait de miauler. Un petit bout de chat, une sorte de peluche animée.
– « Miaaaaaou !» répéta-t-il.
– «Oui ? Qu’est-ce que tu veux? » Trisha avança une main précautionneusement. Elle préférait les chiens, mais n’avait rien contre les chats. Elle se méfiait juste de leurs griffes et sautes d’humeur. Le chat accepta la caresse en arquant le dos, puis bondit sur le côté et se retourna pour la regarder.
– « Miiiiiiiiiiiaaaaaaouuuuuuuuuuuuuuuuuu! »
– « … … … tu veux me montrer quelque chose? J’espère pour toi que ce n’est pas un oiseau mort, hein ? »

Trisha se leva, toujours pieds nus. Elle laissa son sac et ses baskets sur les racines ; personne ne viendrait les lui prendre, et de toute façon, si cela devait arriver, elle le verrait venir, dans ce grand parc vide…

Ou pas si vide que ça.

Quoique…

Ce n’était pas un oiseau mort. C’était un humain, mais la question du « mort » se posait encore…

Trisha avait contourné l’arbre et suivit le chat à travers un buisson pour débarquer en plein milieu d’une allée où un jeune garçon, à peu près son âge, se tenait immobile. Asiatique, par en juger ses traits, et pas complètement réveillé.

La douleur dans ses yeux ne tenait pourtant pas de la fatigue. Et Trisha ne put retenir un frisson, alors qu’il faisait déjà chaud pour une matinée d’été.
– « Humm. Hello ? Is this cat yours ?»

C’était bizarre, cette sensation… Un peu comme une brûlure au ventre, mais qui chatouillerait en même temps. Jamais, elle n’avait éprouvé ça. En tant qu’esprit logique, Trisha entreprit d’analyser la chose. Certainement pas de l’amour. Bien qu’elle n’eût qu’une idée vague de ce qu’était ce sentiment d’amour – pour ne l’avoir jamais éprouvé – elle savait qu’elle n’était pas tombée amoureuse de ce gars. Principalement parce qu’elle ne le trouvait pas attirant. Il n’était pourtant pas laid, mais elle ne lui trouvait aucun charme spécial, charme masculin qui parlerait à son « moi » féminin.

Cependant, il y avait quelque chose… un peu comme lorsqu’elle était avec sa grand-mère. Une sorte d’apaisement, de sentiment de « bien ». Oui, rencontrer ce gars, qu’importe qui il était, était « bien ». C’était naturel, dans l’ordre logique et magique des choses…

– « Hum, so… Do I know you? You kinda look familiar… »
Oui, elle avait l’impression qu’elle le connaissait. Néanmoins, Trisha était certaine que c’était la première fois qu’elle le rencontrait, et même le voyait…

Elle s’approcha de lui, grimaçant un peu quand ses pieds touchaient un petit caillou pointu ou une autre aspérité sur le chemin.
– « Je suis Trisha Hays-Meyer, je suis élève ici après, mais là, j’ai summer school. French summer school. Et toi ?»

Spoiler:

– « No, I never put a foot. I mean… Shoot…»

Trisha en perdait son latin. Elle ne comprenait pas ce qui se passait. Clairement, son interlocuteur était un initié des arts magiques, mais quelque chose ne « résonnait » pas exactement comme il le fallait. En un instant, la jeune américaine repensa à Yuki et à son discours. Oui, dans ce cas, pas étonnant… NDSE devait être l’équivalent de l’Institut Carpenter. Sauf qu’il semblait évident qu’ici, tous les élèves n’étaient pas au courant de l’existence de la magie, comme ce Kenzo…

– « Erf… je ne suis jamais… été ?... au Japon… Je viens de California… » Elle hésita encore une petite seconde avant de se lancer, en espérant que l’indice ne soit pas trop flagrant, en cas d’erreur de sa part. « Je suis ici pour étudier… dans spécial programme après… Je pense que nous allons être ensemble d’ailleurs…. Non ? peut-être pas ? »

Allait-il comprendre l’allusion ? Ou était-elle à côté de la planque. Oui, plus qu’une question d’affinité, c’était une question de résonnance…

Spoiler:

Trisha eut une petite moue déçue. Byakko ne semblait pas réceptif à son appel, ou alors, elle s’était trompée. Ce qui ne lui arrivait pas souvent, mais de plus en plus ces derniers temps.

Derrière elle, elle entendait le bruit de portes qu’on ouvrait. La cantine venait d’être mise en service et son ventre gargouilla un peu. Après tout, elle n’avait pas mangé grand-chose et sa barre de céréales remontait maintenant à plus de trois heures…

La jeune américaine ne détacha pas ses yeux de son interlocuteur, ce qui pouvait peut-être le mettre mal à l’aise, mais elle voulait en avoir le cœur net. Oh, comme elle aurait aimée avoir des sorts de télépathie forcée ! Franchement, la magie n’était d’aucune aide dans les rapports sociaux. Au contraire, elle compliquait tout…

– « "Iznogoud…. Is not good ? Certainly, I can hear that….» Elle ne voulait pas se montrer blessante, mais entre sa contrariété et le manque de référence à la culture européenne, elle n’avait pas saisi l’allusion. « Mon programme special n’est pas vraiment ça. Mais peut-être qu’on se reverra, oui…»

Dépitée, Trisha tourna les talons pour aller récupérer son sac et ses chaussures. Cette journée ne commençait pas si bien que ça…. Le temps qu’elle se rechaussa et revienne à l’allée, Byakko avait disparu. Avec un soupir, la jeune fille alla prendre son petit-déjeuner.

Out pour Trisha, mais possibilité de la rattraper…