Sauvez Dracky! (le gentil vampire)

Lia poussa un soupir de soulagement en apercevant les premiers arbres des montagnes d'Orphale. Cela faisait trois jours qu'Hiryû et elle galopaient sans relâche (ou presque).
Le corps toujours inconscient de Drac était successivement devantl'une d'entre elle, et son état ne s'était pas amélioré depuis leur départ de NDSE.

Les deux filles de la Lune avaient passé le portail rapidement, et avait débarqué à l'Académie Impériale.
Par chance, la Porte n'était plus sous surveillance permanente, et des appartements pour les terrients étaient prêts à les accueillir.

Encore une idée de l'Empereur, soucieux que les magiciens de l'Autre Monde se sentent chez eux à Othkar.

Deuxième coup de bol: il faisait nuit. Les draps d'une des chambres servirent, une fois réduits en lamelles à faire une provision de pansements. Il fallait réduire les dégâts. D'autres tissus firent un harnais rudimentaire pour maintenir Drac droit sur les chevaux, et les deux jeunes filles, portant toujours le garçon inanimé, s'en furent rapidement de Myndel.
Lia avait vérifié la direction d'Orphale sur la carte placardée au mur.

Tepes était surement celui qui avait le plus souffert du voyage: les filles étaient à cheval, les chats sur les croupes. Seul lui courait. Mais son inquiétudes pour son ami, avec qui il n'était pas officiellement réconcilié, lui donnait des ailes.

Il fallut encore quelques heures de chevauchée, puis la capitale elfique fut en vue. Les cavaliers n'entrèrent pas par la porte principale, ne désirant pas se faire remarquer. L'hôtel pour les voyageurs était grand ouvert, et elles réussirent par miracle à s'y faufiler sans attirer l'attention. Faut dire qu'un rayon de lumièreétait venu éblouir la salle au bon moment...

Une fois seul dans une chambre, Lia défit les pansements de Drac, grimaçant en le retrouvant imbibés de sang, une fois de plus. Le vampire était encore plus pâle que d'habitude.

-Qu'est-ce qu'on fait maintenant? soupira-t-elle.

Depuis que Drac avait perdu connaissance, Tepes ne le lâchait pas d'une semelle; Le loup d'un naturel boudeur ne s'était plein ni du voyage, ni de la compagnie qu'il avait, même si Shiro ne perdait pas une occasion de se moquer de lui, perché sur la croupe de son cheval... Une fois arrivés à l'auberge, ils s'autorisèrent une pause pour renouveler les pansements de Drac. Ceux-ci, toujours aussi imbibés de sang inquiétaient toujours autant. Tepes commençait à désespérer, mais Hiryû trouva un objet qui rallongerait peut-être le temps qu'ils avaient devant eux. Lorsque le collier brilla plus faiblement, Drac gémit et ouvrit à demi les yeux. Encore paralysé par la brulure glacée de son dos, il ne bougea pas. Il voyait flou d'ailleurs... et entendait mal...

*On parle pas français autour de moi... Comprend rien... On est où la ? ... J'ai déjà entendu ce type de langage quelque part... *

FLASH BACK :

« Enfin ! Tu as été plus coriace que ce que je croyais ! Massacrez les ! »

Les vampires autour de Drac hurlèrent de joie, et se ruèrent comme une vague vers les survivantes...

"Stop ! Cela suffit!"

Drac venait de s'interposer, conscient de signer son arrêt de mort... mais avec néanmoins l'espoir fou d'en réchapper. Ou alors voulait-il simplement tenter de se racheter. Il eut de l'effet car les vampires s'arrêtèrent net, surpris que quelqu'un ose contredire les ordres du Conte... Quand à passer dans le camps adverse, cela ne leur venait pas à l'esprit. Ils le toisèrent, curieux de sa raison de stopper leur jeu, inquiet de ce qui allait se passer en suite, ou furieux de les avoir couper dans leur élan... dans leur appétit de sang. Un passage s'ouvrit naturellement pour laisser passer Aayon. Ce dernier avait l'air parfaitement calme, tel un diplomate. Seul ses yeux réduits à deux fentes noires le trahissaient. Il y brillait tant de haine, de dédain, de mépris et de dégout... Drac déglutit avec difficulté, ce qui provoqua de discrets ricanements parmi ses congénères. Il ne pouvait plus bouger, paralysé par la peur...

"Comment ? Tu t'opposes à mes ordres ? Tu nous trahit ? Dommage... Vraiment dommage... tu aurais put avoir du potentiel... pour faire un sous-fifre !"

Tout se passa en un instant : la faux à trois lame vola en l'air, s'abattant sur le dos d'un Drac qui avait enfin réussi à bouger et qui avait désespérément tenté de fuir. Un hurlement atroce fendit l'air, et un rat dont la colonne vertébrale saillait se retrouva pelotonné à terre, paralysé par la douleur. Par désespoir, Drac avait tenté de réduire sa taille... mais trop tard. Aayon éclata d'un rire macabre. La situation lui plaisait visiblement beaucoup.

"Et bien ! Je suis contant que tu ais esquivé, et tu me surprend ! Je me réjouis de te voir agoniser... à mes pieds ! Crève comme un rat puisque tel est ton souhait !"

Un éclair noir traversa le champs de bataille: Tepes voulait sauver son ami, et l'avait saisi dans sa gueule. Il courait à présent ventre à terre, loin d'Aayon, loin des vampires... Il entendit encore la voix du Conte résonner au loin :

"Laisser les partir... Sa mort n'en sera que plus lente et plus douloureuse..."

Après tout devint noir.
Il lui restait un écho d'une langue sonnant comme une mélodie.
Puis le vent frais et pur. Le clapotis calme de l'eau. Un lac. Un chant. Un chant pur qui calma la douleur et lui rendit ses forces...

***

La langue était la même que celle qu'il entendait et qui provenait des chambres voisines. Drac devenait de plus en plus conscient de ce qui l'entourait, de son propre état... Ce qui lui arracha un gémissement. Il sentait qu'avec son sang coulait sa vie... et qu'il n'en avait plus pour très longtemps...

"Te... Te... pes... "

Parvint-il à murmurer.

*Je suis là, ça ira. *

Le loup vint lui lécher la main, puis toucha son visage de la truffe.

*Je suis désolé...*

*Oublie pour le moment. Y'a plus urgent... Tu pourrais te transformer en rat ?*

Drac eut un sourire pitoyable ponctuer d'un gémissement de douleur :

*Tu te fout de moi ? Tu crois vraiment que je suis en état de faire quoique ce soit ? Transforme toi, toi !*

Le loup lança un regard noir à Drac. Il haïssait cette transformation... Mais puisqu'il n'y avait pas d'autre solution... Il s'éloigna à l'autre bout de la pièce, là ou personne ne lui porterait attention, au cas ou il n'y arrivait pas...

*Tepes... Pense à imaginer un pantalon... et merci!*

Le loup grogna, jappa un truc bizarre ( Verwandlung) et se mit à grandir, se redresser. Ses poils régressèrent, ou prirent l'apparence d'un tissu noir, et, en un instant, un jeune homme se tenait à la place du loup. Il avait néanmoins gardez ses oreilles noires, et sa queue de loup. Le jeune homme était torse nu, puisque Tepes n'avait pensé qu'au pantalon. Il avait les épaules large et la musculature développée était impressionnante. Une véritable armoire à glace, surtout qu'il faisait près de deux mètres. Néanmoins, les traits de son visage étaient beaux et avaient gardés quelque chose de la grâce sauvage et canine du loup. Il avait toujours les yeux d'un rouge sang de vampire.
Apercevant Shiro qui taquinait Drac, il s'approcha de lui par derrière, lentement et sans bruit malgré ses titubations. Il avait perdu l'habitude de la bipédie. Il savait qu'il la regagnerait rapidement. Arrivé à hauteur du chat, il saisit celui-ci par la peau du coup et l'amena à hauteur de son visage, le tenant cependant suffisamment loins pour se préserver des coups de griffes du petit tigre. Il le toisa un instant d'un air dédaigneux, puis se tourna vers Lia, mettant le chat à coté de son visage, pour qu'elle puisse comparer.

"Alors ? Tu trouves toujours que j'ai l'air d'un "rô minou" ?"

Puis il lâcha Shiro qui fit une chute de 2 mètres. Se tournant vers Drac, il s'agenouilla pour être à hauteur de son visage.

"Tu me redemande plus de me transformer... sauf dans des cas d'extrême urgence... Je hais ça ! Je me sens... nu... et je sais pas comment vous faites sans griffes et avec vos deux perches qui vous servent de pattes. "

Il s'apprêta alors à lécher le visage de son ami, comme un gentil toutou l'aurait fait, mais il se retint à la dernière minute, se souvenant qu'il n'avait encore jamais vu un humain faire cela. Il se releva, fit le tour de la chambre en marchant, courut un peu, s'entraina à saisir et à soulever des objets afin de reprendre l'habitude. Quand il se sentit près, il revint vers Drac et le souleva aussi facilement qu'il l'avait fait avec Shiro. Dans ses bras, le vampire semblait bien petit et bien fragile avec son gabarit poids plume pourtant musclé...

"Il faut aller au lac. Tout de suite!"

Le fait que Drac reprenne enfin ses esprits soulagea Lia. Certes il n'était pas tiré d'affaire, mais au moins, le collier d'Hiryû lui donnait encore une espérance de vie.

Restait la question de le porter. Elle se voyait mal traverser toute la capitale avec un vampire moribond sur le dos.
Tepes apporta alors la solution... et se transforma en homme. Certes, il avait des oreilles de loup et les yeux rouges, mais physiquement, il était humain... canon aussi.
Toujours aussi bête, par contre. Avait-il vraiment l'intention de traverser Calaralindë torse nu, alors qu'ils cherchaient à passer inaperçus?

Le loup métamorphosé vint alors la provoquer, et en profiter pour se venger de Shiro.
Esquissant un sourire, elle prit sa veste, qu'elle avait délaissée à cause de la chaleur, et la jeta à la figure du loup.

-Tais-toi, MINOU, et enfile ça. On est sensés être discrets, tu te rapelles.

Il fallait maintenant sortir... et trouver ce lac.

-Tepes, écoute moi. Hiryû et moi allons trouver ce lac. Tu trouves un abri avec Drac, et lorsque Shiro viendra vous trouver, il faudra le suivre. D'accord?

Lorsque le vampire et son familier, les rôles inversés, traversèrent à nouveau le hall, un nouvel éclat de lumière dérengeant empêcha les elfes et voyageurs de bien distinguer les silhouettes qui quittaient l'hôtel.

Lia s'accouda au comptoir.

-Excusez-moi... je cherche un endroit particulier. Savez-vous où je peux trouver un guide?

Le vieil elfe à la réception hocha la tête et appela vers l'arrière boutique.

-Deogan!
-Tancave? (Oui?)
-Tolo! (Viens!)

Lia suivit l'échange, troublée de parfaitement comprendre la langue. Sa mère s'était bien moquée en disant que les elfes étaient les habitants ancestraux de l'Irlande! Ils étaient bels et bien grands, beaux, immortels, et elle avait appris leur langue. Elle ne manifesta cependant pas ce savoir.

-Je vous présente mon fils, Deogan. dit le teneur de l'hôtel. Il vous guidera.

Le fils en question ne semblait pas ravi, mais obéi à son père. Une fois dehors, il demanda:

-Où voulez-vous aller? La forge? Les tours brillantes?

On sentait un sarcasme dans sa voix. Il ne devait pas apprécier les touristes, ces barbares qui ne comprenaient rien à rien.

-Nous cherchons un lac, tempéra Hiryû. Un lac... particulier. Habritant un oiseau, particulier lui aussi.

L'elfe eut une expression de surprise sur son visage. Ces filles... Qu'est-ce que...

-Qu'est-ce que vous voulez? Cet endroit est sacré!
-Nous n'avons pas l'intention de le profaner! dit Lia.
-Je ne vois pas pourquoi je vous y conduirai. décréta Deogan.
-Saes. intervint Lia (s'il vous plaît)

L'elfe haussa un sourcil.

-Nauthag poli gari tuli edhellen erin glamren vin falathren? (Penses-tu pouvoir gagner l'aide des elfes en mimant notre language?)

Lia haussa un sourcil.

-Nauthan limpan tanya baudhg nosse celegen... (Je pense surtout que vous jugez les gens trop vite)

L'elfe posa un regard surpris sur la jeune humaine. Elle parlait vraiment la langue des elfes, malgré un léger accent et quelques fautes d'accords qui ne pourraient être gommées qu'avec des années de pratique. Il s'avéra qu'il devait revoir son jugement.

-Suivez-moi... maugréa-t-il, s'éloignant dans la foule dense de la capitale.

Lia adressa un petit clin d'oeil à Hiryû et emboita le pas à l'elfe.


[se suicide après une heure passée sur la traduction pour faire un zoli post...]

L'elfe avait haussé un sourcil. S'il doutait à présent que de si charmantes jeunes femmes puissent avoir emmené "çà" dans leur forêt, il était intrigué que deux humaines connaissent le culte rendu à l'Oiseau du Lac, culte si particulier à leur race.
Lorsqu'il formula sa question, l'esprit de Lia inventa un mensonge spontané qui la surprit elle-même.

-Ma mère était passionée par les elfes, au point de m'enseigner leurs rites, leur langue et leur culture.

L'elfe, intrigué qu'une jeune fille puisse apprendre une langue si complexe fut finalement convaincu par Deogan, qui appuya ses dires.
Il finit par leur donner congé, s'excusant même de les avoir soupçonnées. Lia remercia les talents d'actrice d'Hiryû et son mensonge, et suivit l'elfe à travers la forêt.

Elle aurait pu se perdre dans la contemplation de la voûte arborée, splendide, mais Shiro attira son attention sur une piste de pierres rouges...

Minute...

Ce n'était pas des pierres. C'était du sang!
Qui allait vers le lac.
Crétin de loup. Il avait surement dû filer devant, laissant n'importe quel elfe les remarquer, au lieu de passer par un chemin sûr que Shiro aurait trouvé.

Lia s'assura que Deogan n'avait pas remarqué les traces, et se servant de sa nouvelle affinité, fit s'évaporer les goutellettes de sang devant eux, comme si le vampire était allé dans l'autre sens.

-D... Deogan-herdir (maître, guide), c'est du sang?

L'elfe baissa les yeux, regardant avec dégoût la substance.

-Qu'est-ce qu'il vient faire ici... chuchota-t-il.
-Les traces partent vers la ville, indiqua Lia, montrant la piste de gouttes. Est-ce que c'est une bonne chose?
-Non. déclara l'elfe.

Il voyait très bien la personne à qui appartenait ce sang tuer des elfes pour s'abreuver de leur sang, afin de survivre... il ne pouvait pas laisser faire ça!

-Le lac n'est plus très loin, vous devriez le trouver seules. Je dois rentrer. Comme vous parlez elfique, Lia-hiril, et que Hiryû-heryn semble pure, vous n'aurez pas de souci pour apercevoir l'oiseau, je pense.

Elles remercièrent Deogan, qui s'en fût à grands pas vers la ville. Lia soupira. Elle avait évité que l'elfe tombe nez à nez avec une race qu'il semblait haïr.

-Je vais tuer ce clebs. Dit-elle à Hiryû, continuant de marcher. Tracer une piste comme ça, genre suivez moi... Il a dut oublier le cerveau dans la partie transformaton...


*Hiril/heryn: dame. (formule de politesse)

L'atmosphère semblait tendue près du lac. En voyant Drac ouvrir les yeux, Lia avait voulu se précipiter près de lui, mais il était évident qu'il parlait avec Tepes et qu'elle était de trop, cette fois.

Elle les laissa, et Hiryû à ses côtés semblait aussi avoir compris qu'il ne fallait pas les déranger.
Tepes se détourna, et comme Drac avait sombré à nouveau, elles se manifestèrent... et pas forcément de manière amicale.

-Abruti de clebs! déclara Lia, fauchant les jambes de l'animal (à défaut, de par sa taille, de pouvoir lui frapper le crâne). On peut savoir à quoi tu pensais? Le fait de savoir où se trouvait le lac ne voulait pas dire s'y rendre! On avait dit de faire "discret", et résultat, tu as failli te ramasser la moitié de la capitale elfique sur le dos...

Elle eut un petit sourire en coin.

-Pas que ça me rendrait triste... mais ça m'embêterait... Pour Drac, bien sûr.

La mine du loup valait tout les cadeaux du monde, et Lia se mit à rire.

Soudain un deuxième loup, argenté, pénétra dans la clairière.... accompagné d'un splendide volatile.

Tepes se retourna brusquement, retroussant les lèvres sur des dents qui demeuraient étrangement longues et blanches pour un "humain". Il agita la queue d'un air menaçant tout en faisant monter un grondement sourd de sa gorge. Il se détendit un peu en entendant Lia le traiter de tous les noms. Il commençait à s'y faire... Elle chercha à lui faucher les jambes, mais cela rata : ce n'était pas avec ses fins petits petons qu'elle allait pouvoir renverser deux mats solides et costauds comme les jambes du loup!

Tepes n'eut pas le temps de répondre à Lia, même si une répartie venimeuse germait dans son esprit : Nailah revenait avec le "pigeon", Rafiel.

***

*Tient le coup! Encore un peu... on y est presque... Aller!*

Le Loup noir et immense déboula dans une clairière vide, devant un lac aux eaux pures et cristallines. L'aube commençait à poindre à l'horizon. Une aube grise, comme celle des matinée d'hiver. L'animal déposa avec précautions un rat à moitié mort sur un tapis de mousse et passa un ou deux coup de langue délicats sur le dos du rongeur ou on voyait une immense et profonde entaille. La blessure saignait abondamment. Ensuite, il se mit à hurler à la lune. Peu de temps plus tard, une louve argentée se jeta sur lui, cherchant à mordre. Le grand loup noir n'eut pas de mal à immobiliser la furie couleur de lune au sol, celle-ci étant bien plus frêle et plus petite que lui.

"Qui es-tu ? Ne sais-tu pas qu'il s'agit ici d'un lieu sacré que tu profane en amenant cette... créature ici ? Et toi, tu porte toi même la marque du démon... incrustée dans tout ton être... tes yeux rubis, tes dents de prédateurs et ton odeur trahissent ta soif de sang frais... et ton odeur aus... Hein ? Je connais cette odeur... "

La louve, calmée, et curieuse à présent de déterminer d'où venait cette odeur familière se dégagea de l'emprise du loup et s'assit bien en face de lui, le dévisageant avec un air méfiant, mais curieux. Il n'était plus question de lieux sacrés... mais simplement d'une odeur qu'elle pensait ne plus jamais sentir, d'une odeur qui ressurgissait de son passé... Elle finit par oser demander :

"Tepes ? ... Comment ? Pourquoi ? ... C'est vraiment toi ?"

Sans attendre de réponse, elle se mit à bondir de joie et à sautiller autour du loup grincheux.

"Comme je suis contente de te voir ! Comme tu m'a manqué! Qu'est ce qui t'est arrivé ? Raconte moi tout !"

"Plus tard. Va chercher le pigeon s'il te plait : il faut qu'il sauve mon ami. "

Nailah parut déçue, mais reprit très vite son air joyeux et courut chercher le volatile sacré. Peu de temps plus tard elle revint avec...

"Quoi ? je dois chanter pour sauver... ça ?"

Le dégout et le mépris transparaissait dans sa voix. Tepes se mit à grondre, n'appréciant guère que son ami se fasse insulter de la sorte, Nailah ne sachant pas trop ou se placer ...

***

Le scénario semblait sur le point de se répéter. Rafiel arriva trainé par Nailah, qui insistait pour qu'il chante une fois de plus, l'oiseau refusant catégoriquement de chanter.

"Je refuse de sauver le démon, un être aussi abjecte et assoiffé de sang et monstrueux et contre nature et maudit que cela! Non!"

Il reprit son souffle pour enchainer une nouvelle série d'insulte, s'arrêta deux seconde dans son élan, à court de qualificatif... et repartit en vociférant de plus belle. Mais même dans ses plaintes, sa voix restait plus pure que l'eau du lac, et Drac sembla se sentir un tout petit peu mieux. Juste suffisamment pour tenir encore quelques minutes. Tepes jeta un coup d'œil vers son ami, puis regarda Rafiel avec un air menaçant. Il gronda un peu, et chercha à menacer l'oiseau pour le forcer à chanter. Celui-ci cria au scandale, la situation était brloquée et empirait, et Drac sombrait de plus en plus dans le néant...

Lia se contenta de suivre la scène. Qu'est-ce que cette volaille de malheur attendait pour aider Drac.

Hiryû plaida en leur faveur, mais le volatile restait sceptique. Il tourna ses yeux vers elle, voir si elle semblait aussi fascinée que son chef.
Elle dut se forcer à adopter une attitude béate, des yeux brillants et une mine éblouie, alors qu'elle rêvait de botter les fesses de cet oiseau pour qu'il se dépêche.

-Meren, ayai fanyare o harni, oikta o elda kemi! (Je vous en prie, Ô Roi des Cieux, joyau du monde elfique)

Le haut-elfique, réservé normalement aux Rois et aux cultes des Dieux
Les flatteries.
Lia, ou être faux-cul en dix leçons.

Lia contemplait avec crainte les fines poussières voltiger dans la lumière. C'était très beau, mais cela annonçait la mort de Drac, et elle ne pouvait pas rester sans rien faire.

Heureusement, Hiryû fit cesser le vent, et lui souffla une idée, qui la fit sourire. Plutôt que de les auréoler elles...
Elle se concentra et fit onduler la lumière derrière elles, face à la louve et l'oiseau. La forme était volontairement floue, mais haute et on devinait des traits altiers.

-Faryo, Rafiel! (Il suffit, Rafiel!)

Elle espérait avoir correctement identifié l'oiseau, d'après la légende, Rafiel, des deux Dieux du Lac, était celui qui avait le plus mauvais caractère.
Il sembla que oui, car il se figea.

-Umbelg ne ornach nuru va tana vëaner, Rafiel? (Ne vois-tu pas que tu précipites la mort de cet homme, Rafiel?)

L'oiseau sembla stupéfait, puis balbutia.

-Mal... Aino... inyë... (Mais... Dieu... je...)
-Faryo!

Lia agrémenta le tout d'une ou deux flammèches dans les airs, fatiguée de prendre une voix forte tandis que la lumière faiblissait derrière.
Lorsqu'elle avait parlée, Hiryû fit gronder le tonnerre dans le ciel sans nuage et entoura Lia d'une petite bourrasque suffisamment puissante pour lui donner un air de puissance (tout en épargnant Drac).

-Umgwerian, Rafiel. (ne me déçois pas, Rafiel)

Et Lia dissipa l'ombre. L'oiseau semblait fasciné. Il ne percutait pas que son Dieu s'était exprimé par la bouche d'une humaine et qu'il avait sûrement fait des fautes d'accord dans la haute langue.
Tout ce qu'il voyait, c'était que son Dieu lui avait donné un ordre.

-Je refais jamais ça, je maîtrise mal le haut-elfique... avoua Lia à mi-voix à Hiryû, lui traduisant par la même occasion ce qu'elle avait dit.

Tepes n'avait pas suivit la scène du tout, trop occupé à espérer un miracle... comme la dernière fois. Non... plus jamais comme cela...

***

"Rafiel, je t'en prie... Tepes est mon ami et..."

"Je ne chanterais pas pour un démon comme cette... chose..."

"Rafiel..."

La louve, voyant que l'oiseau ne se laisserait pas fléchir décida d'employer les grands moyens. Elle savait qu'elle avait fait terriblement souffrir Tepes par son choix de partir et voulait réparer ses fautes. Ou du moins, se rendre utile. Elle refusait de laisser Tepes, ce loup toujours grincheux mais au grand cœur, perdre encore une personne qui lui était très chère. Elle savait que Rafiel devait chanter pour elle. Si il lui arrivait quelque chose à elle... il n'avait pas le droit de la laisser mourir, tel était le contrat. Or si il chantait, le chant marcherait aussi sur les personnes présentes...
Respirant à fond, Nailah se concentra et repéra ce qu'il lui fallait : une branche cassée et pointue. Il fallait faire vite. Elle n'aurait pas de 2e chance.

"Nailah ? A quoi tu penses ? Qu'est-ce que tu fixe comme ça...hé!"

Tepes venait de se placer au niveau de la louve pour essayer de deviner ce qui attirait tant son attention. Mais Nailah connaissait le loup : si il employait ce ton, c'est qu'il s'inquiétait. Si il devinait ce que la louve prévoyait de faire, tout risquait de rater... et c'était le seul moyen de convaincre Rafiel de chanter...
Elle se leva d'un bond, coupant court à la question du loup, et fonça vers la branche. Au dernier moment, elle fit un virage sec de façon à se placer de profil et bondit, s'empalant sur la branche. Elle retomba au sol, incapable de bouger, serrant les crocs pour ne pas hurler.

"NAILAH! "

Tepes s'était précipité vers elle et léchait à présent sa blessure frénétiquement. Il n'en revenait pas : il risquait de perdre les deux êtres qui lui étaient les plus chers...

"Rafiel... tu dois... chanter maintenant..."

Articula Nailah sans desserrer les dents.

***

A ce souvenir, Tepes serra les dents et jeta un coup d'œil vers Nailah. Elle avait supplier de nouveau Rafiel, Hiryû aussi... Pourvu qu'il chante... Tepes savait que Nailah recommencerais si elle n'avait pas le choix... Le tonnerre gronda, une lumière entoura Lia et celle-ci se fit passer pour une divinité. Le stupide piaf goba tout et s'empressa d'entonner son plus beau chant.
Soulagé, Tepes vit la peau de Drac reprendre son aspect normal de marbre dur et solide. La plaie sur le dos de celui-ci se referma petit à petit et Drac finit par entrouvrir les yeux à la fin du chant.

"Tepes... Merci encore une fois."

"Comment tu te sens ?"

"... Vidé. Quittons cette ville elfique et allons chercher un repas..."

La fin de la phrase fut dite suffisamment bas pour que seul Tepes puisse l'entendre. Rafiel n'aurait surement pas apprécié ce genre d'allusions. A ce propos, Tepes rit, tira la langue, se souvint qu'il était humain et enlaça Drac en lui collant une solide tape dans le dos (le genre de tape qui vous défonce un mur de béton armé renforcé avec de l'acier trempé...) Puis Tepes quitta sa forme humaine et se comporta comme un chien heureux de revoir son maitre après des mois de séparations.

*C'est bien toi ça ! Ne penser qu'a ton estomac ! J'ai horreur de devoir dire cela... Lia a servit à quelque chose cette fois...*

*Lia ? C'est une des filles là ? Je me disais bien qu'elles étaient pas là par hasard ! Tu... tu me raconte tout Tepes ?*

*Mmmrblgr... Drac, tu...*

*Vas-y et ne t'inquiète pas pour moi ! Je change une brute pour une autre !*

Nailah eut un aboiement-rire joyeux, Tepes grogna et tous deux s'éloignèrent un peu. Nailah passa au moins 5 minutes à chahuter le grand loup, lui donnant un petit coup de patte, sautant autour, remuant la queue comme un chien. Enfin, elle se colla contre lui et s'allongea, fermant à demi les yeux en écoutant le récit que lui faisait Tepes.

Drac se redressa et s'assit avec peine. De minute en minute il regagnait des forces. Il observa les deux canidés un moment, puis croisa le regard dédaigneux de Rafiel. Celui-ci eut un "pfff" de mépris puis disparut dans les bois. Drac eut un sourire en coin, un peu méprisant, puis il reporta son attention sur les deux jeunes filles. Shiro était déja venu le taquiner et Tsukihoshi l'observait d'un air inquiet.

*C'est bizarre... ce regard me dit quelque chose...*

Il n'eut pas le temps de se poser de questions plus longtemps, les deux filles se dirigeant vers lui. Il sourit à Lia.

HJ: Attention, romantisme, je vais vomir, anti-romantiques s'abstenir

Lia contempla Drac, un sentiment de soulagement profond l'envahissant doucement, puis violemment.
Elle ne se retint pas et se glissa dans les bras de Drac, retrouvant la froideur de sa peau de marbre avec délice. C'était une sensation étrange, mais il était ainsi, apparement, et ça lui convenait.

Elle réalisait maintenant qu'il allait bien qu'elle avait vraiment failli le perdre. Elle qui s'était protégée des liens pendant des années avait failli perdre celui qui lui tenait le plus à coeur.
Des larmes perlèrent aux coins de ses yeux, qu'elle s'efforca de retenir. Fallair ptet pas abuser non plus.

-J'ai vraiment eu peur... Le meluvan... Je t'aime... lui chuchota-t-elle.

Lia l'avait soufflé en elfique, puis en français... Les mots avaient glissés, maîtres d'eux mêmes, mais elle réalisait que c'était vrai.
Elle était tombée amoureuse.

[En effet, romantique à souhait ...]

En voyant sa figure encore pâle d'inquiétude, il réalisa à quel point il devait être passé près de la mort... sans avoir atteint son but. Tepes étant occupé, il le remercierait comme il se doit plus tard. Pour le moment, Lia était là et elle aussi méritait des remerciements. Et de grands remerciements puisque même Tepes avait avoué qu'elle "s'était rendue utile". Il l'enlaça tendrement, la serrant le plus fort possible (sans lui faire mal) et appuya sa tête contre ses cheveux. Comme il était doux de sentir ce parfum fruité et enivrant une nouvelle fois. Lia lui souffla qu'elle l'aimait et il en fut très touché, parce qu'il sentait au combien s'était vrai. Il la regarda dans les yeux, essuya une minuscule larme de la joue de la jeune fille.

"Tu n'avais pas besoin de me le dire, bien que cela me touche: je le savait déjà. Kher Rhikmen rah. Je t'aime aussi. Chacun sa langue."

Dit -il en ponctuant le tout d'un clin d'œil. Il avait parlé dans une langue connu uniquement des vampires, jalousement gardée par ceux-ci. Aucune autre race n'était censée connaitre son existence. Ces mots avaient échappés à Drac et seul Lia les avait entendu. Tepes dressa l'oreille, surprit et désapprouvant, mais Nailah sut rapidement se rappeler à son souvenir. Cette langue, censée être perdue depuis des millénaires, avaient des origines communes avec celle des Elfes, mais elles avaient évoluées séparément et étaient à présents très différentes.

Hésitant un instant après avoir parlé, Drac embrassa Lia avec passion. Drac brûlait d'envie de connaitre ce qu'il s'était passé pendant son... mais il redoutait de demander des détails à Lia de peur de la bouleverser et de la faire souffrir.

"Désolé de t'avoir fait peur. Je..."

Lia se laissa aller dans les bras de Drac, répondant avec ferveur à son baiser, quand quelques toussotements plus ou moins discrets lui rappelèrent qu'ils n'étaient pas tout seuls.

-Oui, il va falloir rentrer... Mieux vaut éviter de passer directement par Celaralindë, les elfes apprécieraient peu la présence de ce qu'ils appellent l'Ombre sur leurs Terres...

Elle sourit à Drac, puis à Hiryû.

-Je veux bien t'apprendre l'elfique, mais ça risque d'être long. Très long. C'est une langue étrange.

Elle se tourna ensuite vers la louve et Tepes qui revenaient vers eux. Elle se doutait vaguement du rôle de l'animal, sa mère lui avait parlé d'une sorte de Gardien, même si elle s'était attendue à tout sauf à un loup... surtout un loup qui semblait connaître Tepes.

Lia rejeta ses cheveux en arrière.

-Non, bien sûr. On a fait une sacrée chevauchée. La capitale des elfes est assez éloignée de la Porte. Les chevaux nous attendent. Malheureusement, on en a que deux... tu vas donc devoir grimper derrière quelqu'un... ou courir!

Elle rigola, puis salua respecteusement la louve qui protégeait l'Oiseau.
Ils commencèrent à s'éloigner, quand Lia se rappela que cela faisait un moment qu'elle n'avait pas embêté Tepes.
Contemplant les yeux nostalgiques (et tristes?) du loup quand il regardait la louve, elle se pencha à son oreille et chuchota.

-Ouh, il est amoureux, euh!

Elle ignora royalement sa réaction et courut rejoindre Drac et Hiryû qui s'éloignaient.
Elle observa Drac du coin de l'oeil. Il semblait tenir debout et retrouver des... couleurs, si on pouvait dire ça comme ça.

-C'était quoi, cette langue, dis? Heiiin? lui chuchota-t-elle.

Drac rit un peu à l'évocation de la course. Il y avait un peu songé, mais ne se sentait pas encore les forces de le faire. Il attrapa Lia par la taille et la serra contre lui, chuchotant à son oreille :

"Je veux bien venir avec toi... si c'est moi qui tient les rennes."

Il lui vola un baisé avant de filer d'un pas rapide de l'avant en riant. Il était content de retrouver ses forces. La sensation de "vie" qu'il n'avait pas connu depuis longtemps se répandait en lui tel un euphorisant. Il était heureux.

Nailah répondit au salut de Lia par un aboiement amical et vint bondir autour d'elle quelques secondes, le temps que Lia asticote Tepes. Celui-ci le prit d'ailleurs suffisamment mal pour grogner, mais se calma rapidement Nailah revenant vers lui.

*C'est ton amie ? Tu as l'air de bien t'entendre avec elle ! Je vais être jalouse...*

*C'est pas mon amie ! Et tu n'as vraiment pas à être jalouse ! Elle est franchement bie moins bien que toi... et elle me ressemble trop en plus.*

*Vraiment ? Merci! ... Au fait... Elle... Elle avait raison quand elle a dit que tu étais...?*

La louve venait de se rapprocher suffisamment près de Tepes pour que leurs flans se frôlent en marchant. Le loup noir sembla rougir sous son pelage.

*Bien sûre que non! ... Enfin... si... eu... je... eu... Tu n'est pas déjà allée un peut trop long de ton pigeon ?*

*Si... J'espère qu'on se reverra dans de plus joyeuses circonstances !... Tu vas me manquer, Tepes. *

La louve détalla rapidement. Elle semblait courir avec gaieté... ou était-ce la peine de quitter Tepes qu'elle tentait de masquer?

*Hé, Drac, tu sauras te débrouiller seul pendant un peu de temps ? *

*Mais oui, file la rejoindre!*

Tepes rattrapa rapidement Nailah et ils continuèrent vers les bois disparaissant dans les buissons.

Drac continua la marche avec les deux filles. Il stoppa net quand Lia évoqua son moment de relachement ou il avait utilisé cette langue.

"Je eu... Mais de quoi tu parles ? Quelle langue ? Tu dois te tromper... "

Lia soupira. Bien évidemment, il voulait être devant... Mais elle voulait pouvoir s'allonger contre lui, euh! Pi c'était SON cheval!
M'enfin, premier arrivé, premier servi, on verrait bien qui grimperait le plus vite sur le cheval...

Elle eut un sourire en voyant Tepes disparaître dans les bois avec la Louve. Il devait être sacrément attaché à elle pour ne pas avoir écorché Lia après sa remarque!

Par contre, là, Drac se foutait de sa gueule.

-Bah voyons. Et ce "Ker Rikmen ra", je l'ai rêvé, peut-être? Je croyais pourtant que tu avais compris, à la cafet, la dernière fois. J'aime pas quand tu me ment...

Encore heureux qu'elle avait une bonne mémoire auditive... Même si elle avait du un peu massacrer l'accent.